Les petits plaisirs de la vie s’obtiennent lorsqu’on s’y consacre vraiment, et pour les amoureux des plantes il n’y a rien de mieux que d’avoir un joli jardin botanique à l’intérieur de la maison.
Mais les étapes pour y arriver sont difficiles, onéreuses et nécessitent beaucoup de temps, donc pourquoi ne pas utiliser ce que l’on a déjà en le multipliant ? Le bouturage est la technique indiquée pour avoir de nouvelles plantes à partir d’une branche, tige ou feuille venant d’une seule plante.
Réaliser un bouturage semble être facile, mais il existe des savoirs et des techniques pour pouvoir les réussir à la perfection, comme le fait que toutes les plantes d’intérieur ne peuvent pas être bouturées.
Afin de vous aider dans la réalisation de votre mini-jungle d’intérieur, nous allons vous expliquer les techniques pour réussir un bouturage avec une plante d’intérieur :
Les avantages de faire un bouturage
Réaliser un bouturage est plus bénéfique que d’acheter une nouvelle plante pour compléter votre collection. En effet la technique est simple, vous n’êtes pas obligé de vous déplacer ni d’y consacrer toute une journée : quelques heures suffisent pour remplir votre terrasse ou votre salle de séjour avec des petits pots de bouture.
Au niveau des outils vous n’avez besoin que de pots, du terreau et du petit matériel de jardinage. Vous n’avez donc pas besoin de faire un grand investissement financier pour pouvoir réaliser un bouturage pour les plantes d’intérieur de votre maison.
Si vous avez un jardin, vous pouvez y récupérer la plante mère à partir de laquelle vous allez prélever la bouture. Dans le cas où vous voulez de nouvelles variétés, il va falloir investir chez le fleuriste et là encore, vous n’avez qu’à acheter une seule branche qui vous servira à obtenir plusieurs pots de la même variété.
Un autre avantage du bouturage est que vous pouvez récupérer une plante de votre jardin qui est mal en point ou qui a arrêté de croître et lui offrir une seconde chance.
Le meilleur moment pour réaliser le bouturage
Pour les plantes vertes d’intérieur un bouturage ne peut pas être réalisé à n’importe quel cycle de sa vie, il faudra en effet attendre le moment propice où la plante est au meilleur de sa forme.
Ce moment diffère d’une plante à l’autre :
- Les variétés de plantes avec des bulbes sont prêtes pour être bouturées avant qu’elles n’atteignent leur maturité, c’est-à-dire lorsque les bulbes sont sur le point de s’ouvrir : nous pouvons citer comme exemple le Pavot et la Monnaie du Pape.
- Pour les plantes à fleurs comme les Statices ou les Oreilles d’Ours, le bouturage est propice au moment de la floraison.
- Pour les Roses, les Immortelles ou la Lavande, le taillage pour réaliser la bouture ne pourra se faire qu’après la floraison.
Pour plus de précisions, ces moments correspondent au jour où la plante pourra être cueillie et pourra décorer l’intérieur de votre maison. Cependant vous n’avez pas besoin de couper la plante mère pour réaliser une bouture, vous pouvez seulement prélever une partie pendant qu’elle est encore en terre.
Les étapes à suivre pour réaliser un bouturage
La technique de bouturage diffère selon le type de plante à prélever : les étapes suivantes sont valables pour les plantes vertes d’intérieur comme le Géranium, l’Hortensia et les Œillets, et les plantes aromatiques comme le romarin et le thym.
Avant de commencer il vous faut un sécateur, des petits pots de fleur, la partie de la plante que vous avez récupéré, et enfin du terreau.
- Réalisez la bouture en coupant une tige d’environ 10 cm à l’extrémité (cette longueur est variable et dépend de la taille de la plante) et en prenant soin de choisir une section qui comporte au minimum 3 nœuds au départ des feuilles ou des tiges, cela ayant pour but d’assurer la survie de la bouture lorsqu’elle sera séparée de la plante mère. De plus, la section de la tige devra être transversale pour faciliter la croissance des nouvelles racines.
- Lorsque vous avez récupéré la bouture, enlevez toutes les feuilles et les fleurs de la partie inférieure. Cette manœuvre est primordiale pour que la bouture concentre toute son énergie sur la régénération de la racine. Vous pouvez toutefois garder 3 ou 4 feuilles juste pour la forme.
- Ensuite, prenez un petit pot de fleur et remplissez-le avec du terreau humide mélangé avec de l’engrais.
Avant d’insérer la bouture dans le terreau, vous pouvez utiliser des hormones de bouturage appelées auxines de synthèse AIB, afin d’optimiser la réussite de la régénération de racine, elles sont en effet utilisées pour renforcer l’action des auxines naturelles AIA de la plante et l’aider à s’accroitre rapidement. Ces hormones existent sous forme de poudre, de comprimé ou de gel :
- Si elles sont sous forme poudre, mettez 2 ou 3cm de la base de la bouture dans le sachet puis secouez pendant quelques secondes. Ensuite, débarrassez-vous de toute trace de poudre sur la tige et plantez la bouture dans le terreau humide.
- Si les hormones sont sous forme de comprimé à dissoudre, vous devez les diluer dans 250ml d’eau, puis 10 secondes suffisent pour tremper la base de la bouture dans la solution ; il ne reste plus qu’à la planter dans le terreau en prenant soin d’enfouir 2 nœuds de la tige.
- La bouture doit être arrosée régulièrement afin de garder le terreau humide. Toutefois, évitez de mettre trop d’eau au risque de pourrir la racine.
- Enfin, vous devez mettre le pot dans un endroit à l’abri du vent et du soleil, mais bien éclairé.
Maintenant que toutes les étapes sont passées, vous devez attendre au moins deux semaines avant de constater une évolution.
Les différentes techniques de bouturage pour les plantes d’intérieur
Les techniques de bouturage varient selon le type de plante que vous voulez faire multiplier. Il est possible de réaliser une bouture à partir de la feuille, de la racine, du rameau secondaire et bien d’autres éléments.
Nous allons voir quelques-unes de ces techniques pour nos plantes d’intérieur :
- Bouturage à partir des racines
Cette technique est utilisée sur les plantes vivaces avec des racines charnues comme l’Acanthe, les Pivoines, le Pavot d’Orient ou les Statices, qui se bouturent facilement en intérieur pendant l’hiver.
Pour cela il suffit de prélever une partie de la racine la plus ligneuse avec beaucoup de radicelles, puis formez un tronçon d’environ 10cm que vous allez repiquer dans une caissette remplie de terreau humide spécial bouture (le repiquage se fera de manière horizontale sous une couche de 2 ou 3cm de terreau) ; mettez ensuite la caissette sur une couche de gravier pour bien drainer l’eau.
Pour les arbustes d’intérieur, le repiquage se fait de manière verticale en laissant 1cm à l’air libre, et lorsque vous voyez que la tige a survécu et qu’elle commence à croitre, repiquez-la dans un pot de fleur.
- Bouturage à partir des feuilles
Elle peut se pratiquer toute l’année sur les plantes qui ont des feuilles charnues, comme le Bégonia, le Chlorophytum ou le Cycas du Japon.
Il existe 2 procédés pour reproduire une feuille :
- Le premier consiste à couper 3cm à partir de la base du pétiole d’une feuille adulte, puis enfoncer le pétiole dans du terreau en suivant un angle de 45°.
Notons que le terreau est composé de tourbe, de sable et de perlite : ce mélange doit être humidifié et saupoudré avec de la poudre de charbon de bois afin de protéger la bouture des bactéries.
- Le deuxième procédé consiste à prolonger le pétiole de 3cm dans un verre d’eau ou un bocal contenant du charbon de bois, le tout recouvert par un film plastique. Non seulement le charbon de bois va aider la feuille à rester bien droite, mais il va également purifier l’eau. Il ne vous reste plus qu’à attendre que la feuille se développe, et lorsque vous voyez que la racine se développe bien, repiquez la bouture dans un pot avec du terreau humide.
- Bouturage à partir d’une tige dans l’eau
La technique pour réaliser un bouturage dans l’eau commence par la récupération d’une tige de 10cm comprenant 3 ou 4 nœuds ; l’incision se fait en biseau comme pour le bouturage classique, sauf qu’au lieu de faire la plantation dans du terreau, vous la faites dans un bocal avec de l’eau et du charbon de bois en prenant soin d’ immerger au moins 2 nœuds : ils donneront plus tard naissance aux racines. L’ensemble sera placé dans un endroit avec une température d’environ 19°C, où la lumière entre mais pas en plein soleil. Puis, comme tous les autres types de bouturage, repiquez la plante dans un pot lorsque la racine est suffisamment développée.
Vous pouvez pratiquer le bouturage dans l’eau pendant le printemps ou l’été, avec des plantes d’intérieur comme le Dieffenbachia, la Monstera, la Fittonia, le Papyrus ou encore la Peperomia.
- Le bouturage en talon
Il s’agit de récupérer un jeune rameau secondaire, et le fragment qui le réunit avec la plante mère. Le rameau doit être assez vigoureux et mesurer entre 12 et 15cm pour pouvoir survivre, tandis que le talon doit mesurer jusqu’à 2cm. Ce dernier sera ensuite plongé dans un sachet d’hormone de bouturage, et les 2/3 du rameau piqué dans du terreau qui sera composé de 2/3 de tourbe avec 1/3 de sable (vous pouvez y ajouter de la vermiculite ou de la perlite afin de bien drainer l’eau dans le pot). En attendant la croissance du rameau, veillez à l’humidifier le plus souvent possible.
Le bouturage en talon se pratique sur les plantes vivaces semi-arbustives comme le Romarin et la Lavande. Les Rosiers et les Lilas se bouturent également en talon durant la fin de l’été jusqu’au début de l’automne.
- Bouturage en crossette
Les étapes à suivre sont identiques à celles du bouturage en talon, sauf qu’au lieu de conserver le talon on récupère environ 1,5cm sur la tige principale : la bouture que vous obtenez ainsi aura la forme d’une petite crosse, d’où le nom de ce type de bouturage « en crossette ».
Ce sont les plantes à croissance lente qui nécessitent un bouturage en crossette, tout comme celles qui ont des tiges creuses avec des moelles, notamment le Berbéris ou la Spirée.
- Bouturage d’œil
Ici la bouture est récupérée sur un rameau principal ayant un œil axillaire, ce dernier se trouvant à l’aisselle de la feuille. Il faudra donc inciser jusqu’à 5cm dans la longueur pour obtenir plusieurs œils axillaires, car c’est là que les futures tiges vont se développer. La bouture sera ensuite plantée dans un pot rempli de terreau humide, comme pour la technique de bouturage classique.
Le problème du bouturage d’œil, c’est que le processus pour devenir une plante mature prendra plusieurs mois. Cette méthode se pratique sur le Camélia, l’Hortensia ou le Rhododendron à la fin de l’Eté.
Bouturage des plantes d’intérieur sensible
Il existe plusieurs plantes d’intérieur, comme les plantes grasses et les plantes succulentes, qu’on ne peut pas bouturer en utilisant les techniques expliquées plus haut, le Cactus en est un exemple. Comme le taux d’humidité de ces types de plante est élevé, la partie qui va être enfoncée dans le terreau humide que ce soit la tige, la racine ou la feuille, va pourrir.
Voici donc les étapes à suivre pour ce genre de plante :
- D’abord, l’incision de la tige va se faire au niveau de la base de la branche principale.
- Puis laissez la partie coupée à l’air libre afin de la sécher avant de passer au bouturage. Une plante grasse comme le cactus aura besoin de 2 à 3 semaines pour avoir une croûte dure au niveau de l’incision, tandis que les plantes succulentes n’auront besoin que de 2 à 3 jours pour réaliser un tissu calleux.
- Enfin, enfoncez la partie dure de la bouture dans le pot rempli de terreau. Faites bien attention, le terreau doit être sec pour éviter la dégradation de la partie enfoncée sinon celle-ci va finir par pourrir. Néanmoins, il faudra l’humidifier de temps à autre avec une petite quantité d’eau. La bouture met beaucoup de temps avant de donner un signe de renaissance. Lorsque vous jugez que le plant est capable de suivre, vous pouvez le mettre dans un plus grand pot
Rôle et composition d’un terreau spécial pour les bouturages
La place qu’occupe le terreau dans la réussite d’un bouturage est primordiale car il conditionne la bonne croissance de la plante. Grâce à ses multiples composants, il va apporter des éléments nutritifs ainsi que des hormones de bouturage pour aider la racine à se développer rapidement. Le terreau va également retenir l’eau que vous allez lui arroser et son caractère poreux va permettre à la plante d’absorber de l’oxygène jusqu’à la pointe de la racine.
Nous allons voir le rôle de chaque composants dans le terreau :
- La perlite et la vermiculite
Ces 2 éléments sont issus de minéraux d’origine naturelle qui ont été cuits à une température très élevée :
- La cuisson d’une roche volcanique siliceuse à 1200°C donne la perlite.
- La vermiculite quant à elle, s’obtient à partir de la cuisson d’une roche proche du mica à 1000°C.
Il y a une proportion d’environ 30% dans un terreau de bouturage. Grâce à leur capacité à être légère et hydrophile, la perlite et la vermiculite vont alléger et drainer l’eau dans le terreau et seront ainsi capable de restituer l’eau à la plante.
- La tourbe
Il s’agit d’une matière organique obtenue par la décomposition de matières végétales dans un milieu humide. Lorsque sa texture fibreuse est atteinte après des milliers d’années de décomposition, elle est riche en matière minérale et notamment en carbone.
La tourbe est capable de retenir l’eau dans le terreau afin de le rendre humide, de ce fait, elle favorise la croissance au niveau de la racine. Le terreau va être composé de 20% de cet élément. Elle peut être substituée par du compost.
- Le gravillon
Le rôle du gravillon est de rendre le sol poreux afin que la racine puisse respirer et apporter de l’oxygène jusque dans la partie supérieure de la plante. Une grossière quantité de sable peut être utilisée à la place du gravillon.
- Le terreau de jardin
Il est nécessaire d’ajouter du terreau de jardin afin d’apporter de l’argile à la composition : vous pouvez préparer votre propre mélange de terreau pour bouture à la maison, toutefois vous pouvez aussi en trouver sous forme de sac de 6 litres dans les magasins de jardinerie, pour un prix situé entre 7 et 12 euros.
